Le calendrier égyptien

Astronomie égyptienne
Plafond du temple d’Hathor, à Dendérah, en Egypte.

Bien que très ancien, le peuple égyptien a emprunté son calendrier aux Babyloniens, encore plus anciens et mieux placés pour faire les observations dans leur ciel plus clair. Les Babyloniens, en effet, possédaient quelque chose qui leur assura l’avantage en astronomie sur les Égyptiens : outre l’ancienneté, ils avaient le privilège d’un ciel clair et transparent comme le cristal, tandis que l’atmosphère de l’Égypte est souvent obscurcie par une brume plus ou moins épaisse.

Le calendrier égyptien est le premier calendrier qui a délaissé le rythme lunaire, pour se baser exclusivement sur le Soleil. Pour le peuple cultivateur égyptien, le retour de la crue fertilisante du Nil était bien plus important que les phases de la lune. Ce calendrier comprend néanmoins 12 mois de 30 jours divisés en 3 décades (12 × 30 = 360 est l’origine de la division du cercle en 360 °). L’année est trop courte, et se décale très vite sur les saisons (1 mois en 6 ans). De cette constatation, les prêtres déduisirent que l’année était de 365 jours. Ainsi, le calendrier de 365 jours (aussi connue sous le nom de année vague), né en 4236 (date souvent avancée) avant notre ère allait durer pas moins de 4 000 ans.

Les prêtres rajoutèrent donc cinq jours à l’année telle qu’elle était déjà constituée. Ces jours additionnels furent nommés épagomènes par les grecs, ce qui signifie ceux qui sont au dessus (dona heriou roupet) et indique qu’il s’agissait d’un groupe de jours séparés comptabilisés en dehors des mois de l’année. Ils avaient pour nom Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephthys conformément à la légende suivante (rapportée par Plutarque) :

Nout, la déesse du ciel, et Geb, le dieu de la terre, s’étaient mariés sans le dire à Râ, qui ne leur aurait pas permis. Il se fâcha en effet dès qu’il fut averti de leur union. Il jeta sur Nout un charme puissant destiné à l’empêcher à jamais d’avoir des enfants. Il voulait ainsi la punir d’avoir épousé Geb sans sa permission. Nout fut désolée. À quoi bon se marier si l’on ne peut pas avoir d’enfants ?
Le dieu Thot eut pitié d’elle et de son chagrin. Il joua avec la Lune une partie de dames, et il gagna la partie. Il recommença et gagna encore. Après quelques parties, comme il gagnait toujours, il demanda à la Lune de lui donner une partie de ses feux et de sa lumière afin de fabriquer cinq jours entiers.
Ces cinq jours n’appartenaient à aucun mois, ils étaient en dehors de l’année et du calendrier de sorte que Nout put au cours de ces jours là mettre au monde cinq enfants, échappant ainsi à l’interdiction de Râ : Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephthys.

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Mais pourquoi vague ?

Tout simplement parce que 365 jours ne font toujours pas 365 jours 1/4 et que ce retard de 1/4 de jour par an produit un décalage d’un jour tous les quatre ans entre l’année solaire et l’année civile. Il fallait donc 1 460 ans (365 x 4) pour qu’un événement du calendrier égyptien coïncide de nouveau avec un événement du calendrier solaire. Ainsi, le lever héliaque* de Sirius (du nom de l’étoile de la constellation du Grand Chien, qui, vue de la Terre, est la plus brillante du ciel après le Soleil), au lieu de se maintenir le 1er Thot se fit le 2 au bout de quatre ans, le 3 au bout de huit ans, etc. et les fêtes attachées au calendrier dérivèrent. Au bout de 730 ans la canicule et les récoltes furent fêtées… en plein hiver. D’où ce surnom de calendrier vague. Ce cycle de 1 460 ans est également connu sous le nom de période sothiaque, avec une durée qui a sensiblement évolué au fil du temps.


*Lever héliaque de Sirius

Le lever héliaque de Sirius (Sothis dans sa formulation hellénisée) correspond à l’apparition de l’étoile Sirius, peu avant le lever du soleil, vers le 19 juillet de notre calendrier actuel. Ce phénomène, annonciateur des crues du Nil et donc des mois les plus fertiles pour le peuple égyptien, dure environ 70 jours. L’étoile est représentée sous la forme d’une petite chienne (canicula en latin), d’où le nom de « canicule » donné par les Romains pour définir la période de grande chaleur à laquelle ce phénomène était observé.

 


Au lieu d’ajouter un sixième jour épagomène tous les quatre ans (comme le fera César sous les conseils de l’astronome alexandrin Sosigène), les prêtres maintinrent ce calendrier de 365 jours et expliquèrent qu’il était bon de sanctifier successivement chacun des jours de l’année.

Et comme tout rentrait dans l’ordre tous les 1 460 ans environ, ce retour à la normale faisait l’objet de fêtes particulièrement solennelles.

Il ne faut pas croire qu’aucune tentative de correction de la dérive du calendrier vague n’a été faite. Le roi Ptolémée III Evergète (246-222 av. J.-C.) a essayé d’instaurer un 6 ème jour épagomène tous les 4 ans en l’an 238 av. J.-C. et proclama le décret de Canope :

« Pour que les saisons se succèdent d’après une règle absolue et conformément à l’ordre du monde, et pour qu’il n’arrive pas que des panégyries célébrées en hiver tombent en été par suite du changement d’un jour tous les quatre ans dans le lever de l’astre (Sothis), ni que d’autres panégyries célébrées en été tombent plus tard en hiver comme cela s’est déjà vu et comme cela vient d’arriver, désormais l’année demeurant composée de 360 jours, plus les cinq jours additionnels, un jour, consacré à la fête des dieux Evergètes, sera intercalé tous les quatre ans entre les cinq jours épagomènes et le nouvel an ».
Mais le peuple égyptien refusant d’utiliser ce jour additionnel, le calendrier resta vague. On sait l’avenir qu’aura, dans le calendrier julien, ce jour ajouté tous les 4 ans.

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