Qui a décidé de l’an 0 du calendrier et quand ?

Il faut d’abord rappeler qu’il n’y a pas d’an 0 dans notre calendrier : nous passons directement de l’an 1 avant Jésus-Christ à l’an 1 après Jésus-Christ. C’est pour cela que le troisième millénaire n’a commencé qu’en 2001 [et que la troisième décennie du XXIe siècle ne débutera qu’en 2021]. En effet, le chiffre 0 n’a été introduit en Europe que longtemps après les travaux de Denys le Petit qui a fixé l’origine de notre calendrier.

Ce moine scythe (Roumanie et Bulgarie actuelles) qui a vécu au Ve et VIe siècle, a fixé la naissance du Christ de manière assez arbitraire au 25 décembre 753 AUC (Ab Urbe Condita, « à partir de la fondation de la ville » de Rome). À partir de là, il pensait être 535 ans après cette date mais il a choisi 532 à la place car ce chiffre était le produit de trois cycles très important dans le calendrier, à savoir 4 pour les années bissextiles, 7 pour la semaine et 19 pour suivre la lune afin de fixer la date de Pâques (cycle de Méton qui ramène les mêmes phases au bout de 19 ans). C’est ainsi que l’ère chrétienne a été fixée : 532 ans avant les travaux de Denys le Petit, et correspondant à la date supposée de la naissance du Christ.

Oups ! deux erreurs…

Denys le Petit nomme cette date de naissance du Christ année 1, au lieu d’année 0. Oui, mais il est pardonnable puisque le zéro n’était pas connu en Europe à cette époque (voir ci-après). On utilisait encore les chiffres romains.
Erreur cependant très lourde de conséquences puisqu’on compte les années : -2 , -1 , 1 , 2. En escamotant le 0, il est passé directement de l’année -1 à l’année 1, ce qui a eu pour incidence de comptabiliser 99 années (au lieu de 100) du 1er janvier de l’an 1 au 1er janvier de l’an 100 ! Pour comparaison, tous les siècles suivants comportent bien 100 années chacun.

Par ailleurs, sachant que le roi Hérode est mort en 750 AUC (du latin « Ab Urbe Condita » qui se traduit par « à partir de la fondation de la ville ») et que la date retenue pour la fondation de Rome est 753 avant J.-C., on peut donc en déduire que Hérode est mort en -3 av. J.-C. Or, Marie et Joseph fuient les menaces d’Hérode à la naissance de Jésus.

En corrigeant ces deux erreurs, il en ressort que Jésus ne peut être né qu’en 749 AUC, voire 748 selon d’autres sources, soit l’an -4 ou -5 du calendrier chrétien. Aujourd’hui, il est sûr qu’il y a un décalage, selon la date où Hérode a procédé à l’extermination des nouveau-nés. La date la plus vraisemblable de la naissance du Christ serait plutôt -4.

Au fait, savez vous qui a inventé le zéro et quand ?

C’est aux Indiens que l’on doit d’avoir inventé le chiffre zéro au cinquième siècle. Très avancés dans les calculs, les Indiens inventent sunya (qui signifie vide) qu’ils traitent très rapidement comme un chiffre : ils savent que lorsqu’on retire une quantité d’une autre quantité égale, il reste sunya, rien.

Il faut attendre le huitième siècle pour voir le zéro apparaître dans le monde arabe en même temps que tout le système de numération indien, suite à la venue d’un astronome indien à la cour du calife à Bagdad.

C’est aux environs de l’an mil que, grâce à Gerbert d’Aurillac, les chiffres dits « arabes » sont introduits dans l’Europe chrétienne.

En-effet, sa réputation de professeur dans les matières scientifiques attire de nombreux étudiants étrangers à Reims, à qui il présente un nouvel abaque, fruit de son invention. Les jetons initialement identiques disposés sur des lignes horizontales parallèles tracées sur une table sont remplacés par des jetons marqués d’un chiffre arabe, de 1 à 9. La position de chaque chiffre dans le nombre informe sur son statut : dans «762», le «6» est lu comme une quantité de dizaines parce qu’il est dans la position des dizaines. Lorsque la ligne unité comporte deux jetons, ils sont remplacés par un seul sur lequel est écrit «2», etc.

Quant au zéro, ce fut un concept difficile à imposer parce qu’il s’agissait d’écrire un signe concret signifiant «rien» s’apparentant, de fait, à la griffe du diable. Ceci dit, avec l’utilisation de colonnes, l’abaque de Gerbert, rend possible un calcul sans recourir au zéro, qui est remplacé par un espace vide. Ce système de numération positionnelle, bien que complexe, permet enfin d’effectuer des divisions, ce qui était trop difficile à faire avec les chiffres romains, en vigueur à l’époque.

Et pourquoi les chiffres ont-ils la forme qu’ils ont ?

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